Le timbre à date sert à oblitérer les figurines postales et à apposer sur les plis des indications de service (date et heure de levée, lieu de dépôt). Dans ce chapitre, nous n’allons étudier que les cas où la marque postale (qu’elle soit manuelle ou mécanique) ne sert pas à oblitérer les timbres.
Lorsqu’un bureau de poste omet d’apposer son timbre à date, au départ, sur un timbre-poste, le préposé du bureau qui s’aperçoit de cette omission, que ce soit en transit ou à l’arrivée, est tenu d’annuler le timbre-poste par tous les moyens en sa possession. Par contre, il ne doit pas y apposer son propre timbre à date : s’il le faisait, le cachet de la poste ne ferait pas foi des date et heure du départ, selon l’expression consacrée. Les bureaux ont donc coutume d’oblitérer, en transit ou à l’arrivée, à l’aide d’une griffe linéaire à leur nom, qui leur sert ordinairement à timbrer les documents administratifs. Cependant, comme nous allons le voir, on trouve aussi des moyens très divers pour annuler le timbre-poste. En dernier recours, le facteur doit « biffer les figurines » lors de la distribution du courrier. Nous montrerons également en fin de paragraphe le cas de lettres destinées à l’étranger.
Avant de montrer un certain nombre de marques d’annulation, je voudrais commencer par le cas qui semble le plus logique : le bureau de départ s’aperçoit de l’erreur et annule le timbre par un cachet manuel :
Le cachet ci-dessus est appelé par les philatélistes « cachet de Montargis » car il est apparu pour la première fois à Montargis le 07 août 1969. Sa dénomination exacte est : "griffe spéciale pour l’annulation mécanique des figurines non oblitérées au départ", d’après l’article 001.0015 dans la nomenclature 500-50 du matériel des PTT retiré en 1984.
Les exemples donnés ci-dessous correspondent à des marques linéaires de bureaux plus ou moins classiques.
On peut noter que le numéro INSEE diffère du code postal de la ville : ainsi, le code postal de Saint Cloud est 92210, alors que le numéro INSEE est 92084 comme on peut le voir sur la photo ci-dessus (mystère de l’administration française ?).
Les marques suivantes peuvent être considérées comme des « marques de fortune », c’est-à-dire des marques qui se trouvaient à portée de main de la personne devant annuler le ou les timbres poste. Dans certains cas, la marque utilisée peut être considérée comme détournée de son usage normal.
Le cachet O(rigine) R(urale) permettait d’oblitérer le timbre poste. Il n’était utilisé que sur le courrier remis en main propre au facteur. Les lettres étaient ensuite distribuées directement sans passer par un bureau de poste. Ce pli est oblitéré conformément à la règle d’utilisation de ce cachet, c’est-à-dire appliqué "... fortement, à l’angle supérieur de droite et à l’angle inférieur de gauche de la figurine". De tels plis ne sont pas fréquents en période moderne. On peut cependant noter que le cachet OR ne figure plus dans la nomenclature de 1986, ce qui laisse à penser qu’il a pu être utilisé officiellement jusqu’à cette date.
Le cachet O(rigine) L(ocale) permettait d’oblitérer le timbre poste. Il était utilisé comme le cachet OR, mais en ville. La carte-lettre ci-dessus a été expédiée le 14.12.1972. Ce pli provient de la gare SNCF de Mailly-la-ville et est adressée à un habitant de cette ville.
Certains pays étrangers ont des marques d’annulation spécifiques (cas de la Suisse ou de la Belgique par exemple) bien reconnaissables.
Lors de l’envoi d’un courrier, il arrive que celui-ci ne parvienne pas à destination ou se trouve retardé pour diverses raisons (une adresse incomplète, une voie inconnue, une taxation refusée,...). Le service de La Poste s’efforce alors de retrouver le destinataire de la lettre en jouant un rôle d’enquêteur. Pour faire face à ces accidents de parcours et y remédier, les préposés de La Poste disposent d’une pléthore de cachets manuels ou de griffes. Ces marques ont donc un double but : indiquer le motif de non distribution et préciser la destination du courrier non distribué : retour à l’envoyeur ou mise en rebuts.
La mention retour à l’envoyeur est une annotation postale servant à signaler qu’un courrier n’a pu être acheminé ou distribué pour une raison indépendante du service postal et doit être retourné à son expéditeur, si celui-ci peut être identifié.
Un timbre permettant d’apposer la mention retour à l’envoyeur a été introduit en 1866. Depuis cette date, sept modèles officiels de timbre sont connus, depuis le modèle de 1866 jusqu’à celui de 1964.
Les motifs de non distribution du courrier peuvent être classés en cinq catégories :
[1]
Ce motif correspond au fameux NPAI (N”habite Pas à l’Adresse Indiquée ou N”habite Plus à l’Adresse Indiquée) de la Poste.
Dans cette catégorie de motifs, on trouve le cachet INCONNU, mais aussi ADRESSE INCOMPLÈTE, ADRESSE INSUFFISANTE, LOCALITÉ INCONNUE, VOIE INCONNUE, ...
On peut trouver ces marques du type DÉCÉDÉ, DÉMÉNAGEMENT, PARTI SANS LAISSER D’ADRESSE, … Dans le cas des courriers recommandés, on peut avoir des avis de passage et la marque NON RÉCLAMÉ.
Il s’agit essentiellement dans ce cas de courrier refusé. Ce peut être le cas de courrier recommandé ou d’une lettre taxée par exemple.
On peut trouver dans ce cas les mentions PAS CE NOM, INCONNU À L’APPEL, NOM COMMUN À PLUSIEURS PERSONNES, ...
Mis en place dès la première moitié du XVIIIème siècle, le service des rebuts a connu un certain nombre de modifications depuis sa création (service centralisé ou décentralisé, changements de nom).
Pour la période qui nous intéresse (1971 à 1978), ce service était centralisé à Libourne en Gironde (sauf pour les plis militaires et les pneumatiques) et s’appelait Centre de Recherche du Courrier. Ce centre avait trois missions : le recherche du destinataire d’un courrier n’ayant pu être distribué, la conservation de ce courrier pendant un certain temps si le destinataire n’a pu être trouvé et la liquidation des objets rebutés.
Le port payé permet à une entreprise expédiant un courrier important de faire des envois en nombre sans avoir besoin d’affranchir une lettre. Cependant, il arrive que l’on trouve des empreintes dont le bloc dateur porte la mention P.P. (Port Payé) et annulant un timbre.
La franchise postale est une disposition par laquelle la distribution de certains types de courriers est gratuite. A l’époque de la Marianne de Béquet, le Président de la République bénéficiait de cette franchise pour le courrier adressé en France, mais pas pour celui destiné à l’étranger.
A partir du 1er juillet 1972, des dimensions minimales de 90 mm x 140 mm ont été imposées par la Poste pour les lettres, à cause de la mise en service des redresseuses. Or les lettres au format carte de visite avaient un format inférieur à celui qui a été défini. Ces cartes seront systématiquement envoyées au Centre de Recherche de Libourne, qui y apposera une empreinte en rouge.
Ceux-ci peuvent être dus aux machines à traiter le courrier ou aux moyens utilisés pour transporter les plis.
Cette marque TROUVÉ À LA BOÎTE est frappée sur les correspondances non déposées au guichet mais qui auraient du l’être.
[1] on peut noter qu’à la suite du Congrès Postal de Vienne de 1891, les bureaux de poste ont été munis au 1er juillet 1892 de huit timbres produisant une marque rectangulaire au centre de laquelle un texte donne la raison de non remise de la correspondance : INCONNU, REFUSÉ, DÉCÉDÉ, ADRESSE INCOMPLÈTE, PARTI SANS LAISSER D’ADRESSE, NON RÉCLAMÉ, NOM COMMUN À PLUSIEURS PERSONNES, PARVENU SANS ADRESSE