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Pour en savoir plus: Relais

Tout renseignement supplémentaire pouvant améliorer cette page serait le bienvenu.     

Le premier projet Jeanne d'Arc
1892   Jeanne 257

Projet daté du 6 novembre 1892

 

A Monsieur Thomas Grimm

Dans les blancs ménagés au centre des côtés du cadre on pourrait ajouter:

Direction générale des postes et télégraphes en lettres minuscules mais encore lisibles cependant.

 

Dans "Les annales de philatélie" (Volume II 1936/38 pages 184 et suivantes) V. Bourselet écrit :"  Le spirituel académicien Emile Faguet a publié en 1903, un ensemble de critiques du sujet représenté sur nos timbres.../... il faut une tête qui s'encadre bien dans la circonférence de la pièce de monnaie et dans le rectangle du timbre-poste. Au fond, c'est assez mon avis, je proposerai une  tête et une belle tête, et une tête qui peut rester longtemps à notre tête et avec laquelle nous ne trouverons pas désagréable de rester tête à tête. Il y a longtemps que j'y songe. Je proposerai la tête de JEANNE. D'ARC. Cette idée de sujet déjà préconisée par Thomas Grimm .../...

 

Arthur Maury écrit un article dans le Collectionneur de TP de janvier 1894

UN TIMBRE-POSTE EN L'HONNEUR

DE

JEANNE D'ARC

Voici un projet auquel nous travaillons activement depuis un mois : nous avons été forcés d'en parler à diverses personnes et soit par indiscrétion, soit par une coïncidence bien naturelle, puisqu'il est question de Jeanne d'Arc de tout côté en ce moment, l'idée vient de se faire jour dans la grande presse où elle est très discutée. Nous regrettons bien d'avoir été devancé parce que nous voulions poser la question d'une façon précise qui, croyons-nous, lui aurait donné plus de chance de succès. En effet, il n'aurait pas fallu demander que les timbres-poste fussent à l'effigie de Jeanne d'Arc, mais bien qu'un seul des timbres de la série fût gravé en son honneur.

Il est bien évident que le timbre-poste principal, celui à 15 centimes, devra représenter la République Française à l l'exclusion de tout autre sujet cela découle des termes mêmes du programme : c'est le timbre national.

Mais pour les autres valeurs, pour les enveloppes et les cartes, il a été reconnu par le Comité technique postal et aussi par la Commission qui a élaboré le programme du concours actuel, qu'il était désirable de varier les types pour répondre aux besoins du service et aussi pour entraver les contrefaçons.

M. le Directeur général des Postes a donc la faculté de choisir ces dessins différents, soit dans les trois projets primés, soit même en dehors du concours.

C'est par cette brèche que Jeanne d'Arc doit entrer dans la place. Qu'elle ligure donc sur le timbre à 10 c., ceux qui voudront l'employer pour affranchir leurs lettres le pourront faire en ajoutant un timbre à 5 c.

Le jury serait bien inspiré s'il décernait le second ou le troisième prix à un projet relatif à Jeanne d'Arc - il ne peut manquer de s'en trouver parmi les envois des concurrents. Ainsi l'on sortirait de la routine qui préconisait un typo unique.

Voyez ces quelques lignes du rapport de M. Mesureur : « Il nous reste à examiner deux questions qui ont été traitées par vous dans votre première séance et qu'on a soulevées de nouveau dans la Sous-Commission ; il s'agit de la multiplicité des types de timbre-poste et de leur impression en deux couleurs.

Les progrès faits à l'étranger en cette matière, le luxe, la beauté et la variété des timbres américains, russes, et d'autres pays moins importants, nous démontrent que la France réputée par son goût et sa supériorité artistique, s'est laissé distancer depuis longtemps. »

Eh bien, l'occasion est belle et ne se représentera peut-être pas de sitôt en France ; nous conjurons M. le Directeur général des Postes, faisant appel à son patriotisme et à son goût éclairé, de profiter comme il en a le droit, de la réforme des timbres pour nous donner, en dépit des routines dont nous connaissons la puissance, une série de vignettes dont nous puissions être fiers.

L'allégorie de notre République qui décorera le timbre principal sera superbe, puisqu'elle sera choisie par l'élite de nos artistes mais il faudrait pour les autres timbres, toute une série de portraits, ainsi qu'il a déjà été dit. Ce serait les gloires de la France répandues à des millions d'exemplaires, tous presque, conservés précieusement par les collectionneurs. Ne voit-en pas qu'il y a là un immense moyen d’enseignement ?

Par ces petites images, les États-Unis ont fait connaître à tous Franklin, Washington et leurs principaux hommes d’État ; nous, Français, pourrions prouver que nous avons émancipé le monde et à tous, à nos amis, comme à nos ennemis, aux indifférents, aux jaloux et aux ingrats, dont les enfants réuniront quand même la collection de nos timbres, nous montrerons de force nos gloires et nos génies, et tout bas ils diront « c'est vrai ».

Dans ce Panthéon de notre histoire, à toi, Jeanne d'Arc, l'honneur « d'entrer la première » la tête radieuse comme après tes victoires ou bien, casquée et l'épée au poing comme à Patay et aux Tourelles.

Sublime fille du peuple, qui a secoué la torpeur du roi Charles VII et de ses nobles pour chasser l'étranger, ta figure inspirée ne sera pas un anachronisme dans un cadre au nom de la République française ; tant qu'il y aura une France, tu y seras aimée, vénérée de tous, et nous comprenons bien ceux qui ont fait de toi une sainte et ceux qui demandent que tu personnifies la Patrie.

M. Joseph Fabre, sénateur, qui s'est fait le champion de Jeanne d'Arc, répondait dernièrement dans un interview ces quelques mots précis.

« Nous sommes tous coupables envers elle. Catholiques, une centaine de vos hommes d'Eglise, inféodés à l'Angleterre, et faisant leur théologie complice de l'envahisseur, ont jugé et brulé comme hérétique la libératrice du pays.  Royalistes, un de vos rois sauvé par elle, n'a rien fait pour la sauver. Libres penseurs, Voltaire un de vos maître, l'a profanée dans un poème qui est la plus sacrilège débauche du génie. « Faisons tous amende honorable ».

Nous, philatélistes, nous pouvons taire plus ; nous pouvons la glorifier d'une façon charmante et, dans ce but, voici ce que nous proposons en dehors du timbre permanent dont nous avons parlé.

 SOUSCRIPTION PHILATÉLIQUE

POUR FAIRE GRAVER UNE SERIE DE SIX TIMBRES-POSTE COMMÉMORATIFS

 EN L’HONNEUR DE JEANNE D'ARC.

 Ces timbres retraceraient en six tableaux minuscules les principales phases de la courte et brillante épopée de Jeanne d'Arc :

1° Jeanne, inspirée, rêve de délivrer la France du joug étranger ;

2° Introduite auprès du roi Charles Vil, elle le convainc de sa mission

3° Elle bat les Anglais aux Tournelles et fait lever le siège d'Orléans ;

4° Elle fait sacrer Charles VII à Reims

5° Faite prisonnière à Compiègne, elle se défend contre ses odieux accusateurs

6° Elle est brulée vive sur la place de Rouen.

Ces six timbres seraient dessinés et gravés par nos premiers artistes, leurs dimensions seraient deux fois plus grandes que celles de nos timbres en cours (pour les denteler, il suffirait d'enlever provisoirement quelques poinçons à l'un des découpoirs ordinaires).

La durée de leur emploi serait limitée à quelques mois.

En faisant ces timbres, nous imiterions les Etats-Unis et les Républiques de l'Amérique du Sud, qui viennent de célébrer par de magnifiques timbres la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb ; le Portugal, qui, jaloux de prendre les devants, fait aussi des timbres-poste en l'honneur de Henri le Navigateur, indiquant aux marins portugais le chemin de la mystérieuse Atlante. Puis le jubilé de l'Angleterre qui cinquantenaire de l'invention des timbres-poste par Rowland Hill ; la Nouvelle-Galles du Sud le centenaire de sa fondation Hong--Kong et Shanghai leur cinquantenaire. Jusqu'au Monténégro qui rappelle ainsi l'introduction de l'imprimerie dans la principauté et aussi le Japon qui vient de célébrer par des timbres les noces d'argent du mikado. Il faut ajouter à cette liste l'Espagne qui se prépare à reproduire sur des timbres les chefs-d’œuvre de Vélasquez.

Pourquoi, avec un noble but, ne suivrait-on pas ce courant ?

On nous objectera péremptoirement, ainsi qu'on l'a déjà fait lorsque nous avons-proposé un timbre pour l'Exposition universelle de 1889, que l'Administration ne peut prendre à sa charge les frais considérables d'une émission de circonstance. On ne nous écoutera pas si nous affirmons que les collectionneurs paieront ces frais dix mille fois pour une ; aussi proposons-nous de les faire payer d'avance.

Combien faut-il ? dix, vingt mille francs ? C'est bien trop, mais avec l'excédent on fera... une statue. Voici notre moyen.

L’administration imprime vingt mille cartes postales (pas une de plus) 10 centimes. Ces cartes ont les dispositions et la couleur des cartes ordinaires, seulement elles en diffèrent par une petite vignette bien simple qui évoque le souvenir de Jeanne d'Arc le carton pourrait être de luxe ! Au verso on lirait :

« Reçu de la personne nommée au recto de celle carte la somme de 1 fr. 10 pour ta souscription un timbre en l'honneur de Jeanne d'Arc. »

 L'administration centraliserait la recette qui lui serait adressée par mandats de poste, elle accuserait réception aux souscripteurs au moyen de la carte indiquée et c'est tout ; les vingt mille francs ne seraient pas longtemps à tomber, les collectionneurs seraient satisfaits en recevant la carte postale à leur nom et ils attendraient patiemment les timbres qu'ils paieraient encore dès qu'ils paraitraient, le prix qu'on voudrait bien écrire dessus, supposons 1, 5, 15, 25, 50 c. et 1 fr.

Où est la combinaison ? — Elle est peu compliquée : il y aura cent mille collectionneurs qui voudront posséder cette simple carte postale et comme le tirage aura été limite à vingt mille on s'empressera de la paver 1 Fr., il faudra même prendre des mesures pour empêcher l'accaparement et la spéculation. Par ce commencement, on pourrait juger de l'empressement du public, collectionneur à acheter les timbres de Jeanne d'Arc, et tout le bénéfice, considérable, resterait dans les mains de l'Administration, qui néanmoins ne se laissera pas convaincre facilement.

Voilà en tous cas notre idée.

 

L'émission 
Ce timbre a été émis au début du mois de mars 1929 (oblitération connue du 2 mars). Les catalogues indiquent souvent la date du 11 mars. (voir plus bas des extraits du Journal du Loiret) 
Il célèbre le cinquième centenaire de la délivrance d’Orléans par Jeanne d’Arc, a été retiré le 30 septembre 1929( date à laquelle le timbre cesse d'être vendu à la poste d'après R Françon et J Storch "Catalogue spécialisé des TP de France 1900-1940" Ed Cercle Lyonnais d'études philatéliques et marcophiles 1973), et supprimé le 16 octobre 1929 ( date apparaissant sur une feuille conservée au Musée de la Poste de Paris) .

Ce timbre a été souhaité par M . Chollet, maire d’Orléans qui a alerté dès le mois d’août 1928 le ministre en charge des PTT M. Bokanowski de l’importance de célébrer le 5ème centenaire de la délivrance d’Orléans par Jeanne d’Arc. 

Chollet  Jeanne 257  

 

Théophile Chollet, 

Maire d'Orléans. Né le 30 juin 1876, agrégé de mathématiques élu conseiller municipal en 1919, il devient maire en 1925.  Il meurt brutalement d’une crise cardiaque dans la nuit du 22 au 23 avril 1929, à l’âge 52 ans juste après la sortie du timbre (d'après Wikipédia).

article d'époque Jeanne 257

Le choix du timbre
La direction des Beaux Arts fut chargée de l'organisation d'un concours restreint et du choix d'une maquette. Le jury proposa l'adoption d'un dessin de l'artiste Barlangue, classé premier, et la gravure fut confiée à Abel Mignon. voir rubrique Concours 
Ce timbre, intitulé Orléans, qui célèbre le 5ème centenaire de la délivrance la ville ne comporte aucune vue de cette ville. 
 
 
Les auteurs du timbre 

Abel Justin Mignon graveur au burin né à Cénon, près de Bordeaux, le 2 décembre 1861, élève de Gerome et Loudet, sociétaire des artistes français depuis 1899, chevalier de la légion d’honneur en 1908. Il décède le 30 janvier 1936 à Fontainebleau.

Autographe d'Abel Mignon   Jeanne 257 

Autographe d'Abel Mignon

Mignon.  Jeanne 257


 

Gabriel Antoine Barlangue peintre et graveur né à Villeneuve/Lot en février 1874 mort en avril 1956 officier de la légion d’honneur en 1934. « Vers 1928 je participai au premier concours de maquettes pour le timbre de Jeanne d’Arc . Mon projet retenu en 1929 a été malheureusement gravé en typographie, procédé pour lequel il n’était pas fait. »  madagascar jeanne 257    madagascar Jeanne257madagascar 237 du 26 janvier 1929 


 

 

 

 

Feuille conservée au musée de la poste de Paris. Jeanne257.  

 

 

 

 

copyright Coll. Musée de la Poste. Paris 


 
Le bon à tirer (musée de la poste) est daté du 24 janvier 1929 et porte la mention 101 indiquant la couleur choisie - bleu et non rouge comme les timbres d’usage courant de l’époque (50 c semeuse lignée,  Fachi et Paix). Ce bon à tirer a la même allure que l’essai de couleur portant la mention 316 (couleur verte) présenté dans la rubrique Tirages spéciaux 

Bon à tirer. Musée de la poste de Paris. Jeanne257.
Mention Épreuve choisie par M le sous secrétaire d'État le 24 janvier 1929 

 

 

 

copyright Coll. Musée de la Poste. Paris  


  

 
Première date connue : Samedi 2 mars 1929. (Le timbre semble avoir été vendu en avant première à cette date à Reims, Orléans, Paris et Rouen - lieux historiques liés à Jeanne d'Arc.) Voir extraits de journal ci-dessous.

FDC Reims   Jeanne 257 Reims                    FDC Paris        Jeanne 257   Paris


 Première date connue. 2 mars 1929. Jeanne257.


Orléans gare et Orléans - rue de Bourgogne - Place Dunois 
   Première date connue. 2 mars 1929. Jeanne257. premjour dunois Jeanne 257

bloc16 02 29  jeanne 257 Timbres oblitérés du 16 février 1929 (le tirage a commencé le 14); il s'agit vraisemblablement d'une erreur du postier.

 

Extraits du Journal: Journal du Loiret

 

1mars jeanne257

1 mars 1929

Le timbre de Jeanne d'Arc

 

II sera mis en vente la semaine prochaine

 

Pour commémorer le cinquième centenaire de la délivrance d'Orléans, l'administration des PT T. a émis, à l'effigie de Jeanne d'Arc, un timbre-poste qui sera mis à la disposition du public dans la première semaine de mars. Cette figurine, dont la valeur est de cinquante centimes, remplacera pendant six mois le timbre de même valeur à l'effigie de la Semeuse ; ce dernier conservera toutefois son pouvoir d'affranchissement.

 

2mars jeanne257

mars

Le timbre de Jeanne d'Arc

 Nous recevons la lettre suivante :

 Orléans, le 1er  mars 1929.  

Monsieur le Directeur, Le dernier  numéro du Journal du Loiret  que je viens d'ouvrir m'apporte la bonne nouvelle de la très prochaine émission (première semaine de mars) du timbre-poste à l'effigie de Jeanne d'Arc. Tous les orléanais seront heureux de l'occasion qui leur sera prochainement donnée d'affranchir leurs correspondances avec ces jolies figurines que les illustrations des journaux nous ont déjà rendues familières. Je voudrais seulement exprimer  le vœu que si ce timbre-poste ne peut être mis à la disposition du public partout à la fois, les Orléanais soient, du moins, parmi les premiers servis, puisqu’aussi bien c’est  le souvenir de la Délivrance de leur cité par l'héroïque Pucelle que ces timbres-poste sont destinés à rappeler. N'êtes-vous pas de cet avis ?  

Un de vos lecteurs  

La pensée de notre correspondant est si juste et si opportune qu'il nous parait impossible que l'administration des Postes ne l'ait pas eue de son côté. Nous sommes donc assurés que la mise en vente de ces figurines aura lieu à  Orléans, le même jour qu'à Paris. La logique l'exige et la distance n'est pas assez grande qui nous sépare de la capitale pour s'y opposer.

 

 

4mars jeanne257

4 mars

 

LE TIMBRE DE JEANNE D'ARC

EST PARU

 

Le timbre de Jeanne d'Arc a été mis en vente samedi, à l'Hôtel des Postes et dans tous les bureaux de tabacs d'Orléans. La cité de Jeanne d'Arc est donc en avance de près d'une semaine sur la date fixée pour le lancement de la nouvelle figurine à 50 centimes.

Ajoutons que, depuis vendredi, les flammes d'oblitération des correspondances diverses, dans les bureaux de poste de l'Orléanais sont exclusivement  consacrées aux fêtes du cinquième centenaire de la délivrance.

Toutes les firmes commerciales liées par contrat de publicité à l’administration des P. T. T.  se sont fait un devoir de céder leur tour au Comité directeur de nos fêtes de 1929.

 

 

On en parle en Australie.(the canberra time 2 janv 1929)

  

Ce journal a publié plusieurs articles sur ce timbre.(on peut consulter: http://trove.nla.gov.au/newspaper/ 

JOAN OF ARC STAMP

A postage stamp bearing the head of Joan of' Arc will be issued in France to celebrate the five hundredth anniversary of the relief of Orleans. For a period of six months the ordinary 50 centime stamp will be replaced by the new issue. M. Cheron. the Minister of commerce and

 

Un timbre-poste portant la tête de Jeanne d'Arc sera publié en France pour célébrer le cinquantième anniversaire de la délivrance d'Orléans. Pour une période de six mois, le timbre ordinaire de 50 centimes sera remplacé par le nouveau problème. M. Cheron. Le ministre du commerce et Postes, vient d'informer le maire d'Orléans de sa décision.

 

 

 

 


 

Deuxième date connue. 3 mars 1929. Jeanne257. Carte postale recommandée du dimanche 3 mars 1929 

    Jour de retrait 30/9/1929  Jour de retrait 30 septembre 1929. Jeanne257.
 
La valeur faciale du timbre, 50 centimes, correspond à l'affranchissement d'une lettre de moins de 20 grammes dans le tarif du 9 août 1926 (loi du 3/8/1926; décret du 5/8/1926).  
Comme le précise Pierre de Lizeray il s'agit d'un timbre commémoratif (par opposition à un timbre d'usage courant) interruptif puisqu'il remplaça temporairement le 50 centimes Semeuse lignée dont le tirage s'arrêta entre le 21 février 1929 (planche Z - I 2ème tirage) et le 13 juin 1929 (planche AE - AC 2ème tirage).  

 

 Les réactions de la presse d'époque

Ce timbre, mal accueilli à l’époque, a fait l’objet de nombreux articles dans la presse avant et après son émission. (voir ci-dessous)

 
Article d'époque. Jeanne 257
article mars 1929 Le Collectionneur de Timbres-Poste  n° 520 de mars 1929


798numero255a.jpg (220191 octets) Cliquer sur l'image. Yvert 1932. Jeanne 257 La première numérotation apparait dans le numéro 798 de l'Echo de la timbrologie en 1929: 255. 

En 1930 le catalogue Yvert répertoriait ce timbre sous le numéro 253, puis en 1932 sous le numéro 248 (voir ci-contre); dès 1933 le numéro actuel (257) était adopté. 
 

 

Le Pèlerin 2702 du 6 janvier 1929

pelerin Jeanne 257  Enfin, cinq siècles après Jeanne d'Arc, nous avons un timbre à l'effigie de notre héroine nationale! (Projet de M Gabriel Barlangue. Phot. Meurisse.)

 

La maquette : (extrait de : Les timbres-poste de L. Demoulin en 1933
Dans la composition, Jeanne est figurée à cheval la tête nue, la chevelure, disposée en frange sur le front, retombe en deux masses sur les oreilles, à la base desquelles elle est coupée . Elle est vêtue d'une sorte de justaucorps largement évasé au col et dont le bas relevé laisse apparaître une jambe gainée d'une cotte de mailles ou d'un vêtement de grosse laine. Les manches, également retroussées laissent voir aussi le même sous-vêtement. Le pied est engagé dans un étrier de forme triangulaire qui pend d'une selle aux bords hautement relevés. De l'autre côté de la selle, émerge la poignée d'une épée . Jeanne tient en mains les rênes d'un cheval caparaçonné dont le corps seul est figuré. La naissance d'un des membres antérieurs de l'animal, que l'on aperçoit sous le caparaçon dont les bords sont légèrement entrouverts, et le mouvement de la tête indiquent que la monture est en marche. Derrière la pucelle, flotte un étendard fleurdelisé tenu par l'un de ses suivants, dont on ne voit que la main. En haut les mots POSTES FRANCE; en bas la légende 1429 ORLÉANS 1929 ; à droite, dans un cartouche rectangulaire, la valeur, et enfin sur le flanc visible du cheval, un écu portant le monogramme RF .  
Ce que nous venons d'examiner, c'est la maquette. Mais si nous regardons le timbre, combien de détails ont disparu ou sont à peine esquissés! Le graveur Mignon a fait consciencieusement ce qu’il a pu; mais pouvait-il réellement en gravure typographique et dans un format aussi réduit. obtenir mieux ? Pouvait-il, notamment. donner quelque apparence de vie, d'humanité à un visage ne mesurant qu'un millimètre et demi ? L'erreur initiale fut de choisir une composition dont nous n'avons certes pas l'idée de combattre la valeur artistique, mais qui ne s'adaptait nullement au but auquel elle était destinée.  
Rien dans le programme, n'indiquait d'ailleurs que Jeanne d'Arc dût être représentée à cheval. Cependant trois des cinq concurrents qui furent primés campèrent une héroïne avec une oriflamme sur son destrier de bataille. L'un des deux autres (nota : il s'agit du projet de G Demoulin, fils du directeur de l’atelier -auteur de ce résumé) nous exposa l'idée directrice de son dessin : Les dimensions déjà très faibles du timbre, encore réduites par la figuration des indications de service, et aussi le genre d'impression envisagé imposaient nous dit-il, une grande simplification de composition. Aussi, n'ai-je représenté le haut du buste incliné de Jeanne d' Arc, les mains croisées. dans l'attitude de la prière, avec, près d'elle, un glaive dont on ne voit que la poignée. La guerrière accidentelle a terminé sa mission: elle a remis l'épée au fourreau, elle remercie la Providence de lui avoir donné la force et le courage nécessaires. et peut être aussi l'implore-t-elle dans la prescience de son horrible fin. Et un peu amer, car on a toujours vingt quatre heures pour maudire ses juges, il ajoutait: Quand donc comprendra-t-on que l'on puisse honorer, représenter Jeanne d'Arc autrement qu'à cheval ?  
Il faut bien reconnaître qu'il y avait en puissance, dans ces observations, la matière de la plupart des critiques dont nous avons eu connaissance, et il y en eut de tout ordre: banalité d'inspiration, mauvaise exécution ... Il est bien évident qu'avec une composition aussi chargée et les dimensions exiguës du timbre, la typographie ne pouvait donner qu'un médiocre résultat. Et pour nous ceci était si bien une vérité première, que dès 1927, consulté sur l'éventualité d'une émission sur Jeanne d'Arc, nous écrivions ces lignes que l'on nous excusera de reproduire: Pour Jeanne d' Arc il est désirable qu'elle ne soit pas représentée à cheval comme elle a été si souvent traitée, car les dimensions de nos figurines ne se prêtent pas à une présentation aussi complexe. On ne pourrait dans ce cas, fixer nettement des traits alors qu'on se propose précisément de les honorer, il faut donc une effigie, qui pourrait cependant comporter une partie du corps permettant de conserver à l'héroïne ses attributs guerriers. Et si c'est une effigie, il est désirable surtout de la placer dans un beau cadre approprié et de ne pas retomber dans l'erreur des timbres Pasteur et Marcellin   Berthelot. »  

L. Demoulin cite  (pages 51 et suivantes)  une chronique d’Emile Faguet (élu à l'Académie le 15 février 1900 française)  publiée en 1903.

Il paraît que l'on va encore changer les timbres. Le timbre français est essentiellement barométrique. Il est toujours au « variable », comme les baromètres qui ne veulent pas se compromettre. Depuis cinq ans, voilà quatre timbres que je vois mourir.

J'ai vu mourir la « Cérès », une grosse fille joufflue qui avait des ressemblances avec la Lombardie ancienne, en ce sens qu'elle avait l’air d'étouffer dans son quadrilatère. Elle était vulgaire, la Cérès, il faut  en convenir. Elle avait son sens certainement ; elle signifiait sans doute que la France est un pays agricole. Elle était rustique et bonne enfant ; mais il faut confesser qu'elle était vulgaire. Le timbre est un instrument de vulgarisation. L'artiste avait pris cette idée un peu trop au pied de la lettre.

La « Cérès » fut condamnée, le timbre céréal  fut frappé à mort. Il fut remplacé par un timbre d'un symbolisme un peu compliqué. Au milieu, une boule une forte boule, une boule considérable ; à droite un personnage ; à gauche, un personnage. Tous deux maigres et peu vêtus. Et ils se donnent la main sur la boule : je veux dire, car il faut éviter l'amphibologie, qu'au-dessus de la boule, ils joignaient leurs dextres.

Ce n'était pas vilain, encore que cette houle énorme entre ces, deux êtres humains..., enfin, ce n'était pas très vilain ; mais ce n'était pas clair. Le bon peuple ne voyait là que la représentation  d'un jeu populaire, et il avait intitulé ce timbre, le timbre de joueurs de boules. Les politiques prétendaient y voir plus loin et assuraient que cette scène mythologique figurait la concentration des centres. L'explication officielle, et par conséquent vraie, était autre. Les deux personnages maigres et la boule représentaient le Commerce et l'Industrie dominant le monde. Après avoir honoré l'agriculture  on honorait l'industrie et le commerce. Il n'y avait rien à dire.

Au bout d'un certain temps, cependant, cela ne plut point. C'était obscur. Un timbre ne doit pas être obscur, paraît-il. Le contenu d'une lettre peut être obscur mais il ne doit rien y avoir d'obscur sur l'enveloppe. Soit.

On mit à la retraite les hommes à, la boule et leur accessoire. Bon pour le cirque.

Et là-dessus arriva la Dame assise qui lit la Loi. La Dame assise qui lit la loi fut peu discutée : elle fut universellement jugée abominable. Elle était lourdement assise, et elle lisait gauchement sa « Déclaration des Droits de l'Homme ». Elle avait l'air d'en être horriblement embarrassée. C'était peut-être symbolique, car on m'assure que la République actuelle est quelquefois un peu gênée par la «Déclaration des Droits de l'Homme ». Mais ce n'était pas une raison pour que cette figure fût si gauche et si lourde. Et d'ailleurs un timbre ne doit pas être une épigramme. La Dame assise qui la Loi ne la lut pas très longtemps. On l'envoya en exil finir sa lecture. Que cette leçon vous profite ! Ne vous hypnotisez pas trop dans la méditation de la « Déclaration des Droits de l'Homme ».

La Dame qui lit la loi rebutée, on songea tout simplement, ce qui est très logique et parfaitement sensé, à mettre sur les timbres-poste la même chose que sur les pièces de monnaie, et l'on intronisa l'exquise « Semeuse » de Roty. Je ne vous dissimulerai pas que je fus enchanté. On a critiqué la « Semeuse » de Roty. On a fait remarquer qu'elle est éclairée d'une façon illogique, ce qui ne me paraît pas prouvé, et ce qui, du reste, m'importe assez peu .0n a fait remarquer qu'elle sème contre le vent, ce qui est très vrai, et ce qui est plus grave ; mais qu'importe encore, pourvu que le  geste soit beau ? Et il est beau. Et l'allure, donc ! L'allure est charmante, et quelle ligne du dos ! et du bras droit ! et du bras gauche ! Enfin, elle est délicieuse. On ne songe pas, je pense, à la faire disparaître de nos monnaies.

 Et bien ! alors, pourquoi songe-t-on à la faire disparaître de nos timbres ? Elle m'a paru tout aussi jolie sur nos timbres que sur nos pièces de vingt sous (à peu près mêmes dimensions). Les critiques faites ? Je ne sais pas trop. On la trouve trop grêle pour le timbre, je crois.

-Pas plus que sur les pièces de monnaie.

-Si ! Elle a besoin de relief !

 Voilà une raison ; voilà discuter, et même avec assez de goût. Oui, j'admets qu'elle a besoin de relief. J'admets qu'elle est peut-être un peu moins jolie sur le papier que sur l'argent. Mais, ma foi regardez là. C'est à peine, et il faut y réfléchir et vraiment avec un sens critique qui est un peu de la mauvaise volonté. Tout compte fait, elle est charmante. Elle a pour elle d'être élégante et «  distinguée ». Depuis qu'il y a des timbres en France, vous entendez bien, jamais nous n'avons eu un timbre qui fût élégant et distingué. chercher mieux, je ne dis pas qu'on risquera de trouver plus mal, je dis que je suis sûr qu'on trouvera plus mal.

Je crois que quelques-uns trouvent que la « Semeuse » n'a pas assez de signification. Elle n'a pas de signification politique, c'est vrai; mais elle a une belle signification patriotique. Elle figure la France semeuse d'idées, semeuse de beaux sentiments, semeuse de signification. C'est très beau, ce sens-là, Et, en général, il vaut mieux éviter les significations politiques et aviser une signification nationale très générale, si l'on veut faire œuvre destinée à durer et parler à la fois net et large aux peuples d'outre-frontière. Ni la monnaie ni les timbres-poste ne sont pour faire de la politique : ils sont pour dire « France » dans le sens le plus étendu, le plus compréhensif et le plus conciliateur.

Et ils sont surtout, en dehors de leur utilité commerciale, pour être jolis, pour être beaux, pour être artistiques, comme il convient au peuple le plus artiste du monde.

On dit aussi : Voyez-vous, il n'y a pas à dire. Décidément, sur les timbres comme sur les monnaies, il faut une tête. Il n'y a que la tête qui s'encadre bien dans la circonférence de la pièce de monnaie et dans le rectangle du timbre-poste. Au fond, c'est assez mon avis, peut-être tout simplement par hérédité et par habitude il me faut quelque chose d'aussi charmant que la « Semeuse » de Roty pour que je ne regrette pas la tête. Eh bien ! alors, si l’on veut absolument autre chose que la Semeuse et si on veut une tête, et si l'on veut qu'il n'y ait pas la même effigie sur les timbres que sur les monnaies, je proposerai une tête, et une belle tête, et une tête qui peut rester longtemps à notre tête, et avec laquelle nous ne trouverons pas désagréable de rester tête à tête. Il y a longtemps que j'y songe. Je proposerai la tête de Jeanne d'Arc. La tête de Jeanne d'Arc, casquée, avec le haut du buste cuirassé serait un motif artistique admirable et symboliserait admirablement la France. Soyez sûrs que tout autre peuple de la planète (je parle des peuples qui n'ont pas de souverains), s'il avait une Jeanne d'Arc-dans son histoire, ne songerait pas à autre chose qu'à la tête de Jeanne d'Arc pour la mettre sur ses monnaies ou sur ses timbres. Jeanne d'Arc est la patronne même de la France ; et en elle, en son culte, tous les partis se réconcilient et s'entendent, sauf celui, s'il est un, qui désire la disparition de la France elle-même.

Je suis donc pour que l'on garde la « Semeuse », qui est exquise, qui est d'une élégance suprême, qui ne sera pas surpassée, soyez-en sûrs, de longtemps, au point de vue esthétique, et qu'il est ingrat pour le moment, de délaisser, pour trouver mieux que ça ». « Mais si la dissémination de la « Semeuse » est décidée, si l'on n'en veut plus, eh bien ! qu'on nous fasse une Jeanne d'Arc, élégante et noble-: et qu'on s'en tienne là !

Mais quelque parti qu'on prenne, qu'on tâche enfin de ne pas pros longer ce ridicule de changer de timbre tous les dix-huit mois. Cela jette une perturbation dans les esprits. On ne sait plus, en recevant une  lettre, si elle vient de France ou de l'étranger, si elle représente sa vignette la France, le Brésil, le Venezuela ou San Marino. Cette incertitude est un peu pénible. Cet embrouillement brouille nos timbres, comme disaient nos pères, et à force de se sentir le timbre brouillé par les timbres-poste, la population finirait par croire que l'Administration a, elle-même, le timbre un peu fêlé.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ailleurs ce même L. Demoulin explique: « Le ministre a vu les épreuves du timbre et veut que les fleurs de lys figurant sur l'étendard disparaissent. (...) Le ministre est très ennuyé d'un mécontentement qu'il aurait constaté dans certains milieux politiques d'extrême gauche où l'on considère la glorification de Jeanne d'Arc comme une manifestation cléricale, et l'on craint que les critiques redoublent si on laisse substituer des fleurs de lys, attributs de la royauté.» (cité par l'écho de la Timbrologie fév. 1990).

Relevé dans Philatélia n°4 de mars 1929.

« Je suis bien content de lire sous la plume de Bernard Gervaise, l'éreintement justifié de la vignette absurde que notre belle administration vient de sortir :

Il existe en France 2 catégories de tirnbres-poste, correspondant à 2 conceptions opposées de la philatélie. Nous avons le timbre permanent, représentant une dame occupée en toute saison à semer du grain dans son champ. Et puis nous avons le timbre-actualité, dont l'effigie varie au hasard des faits qu'il s'agit de signaler à l'attention du monde: Exposition des Arts Décoratifs, centenaire de Pasteur, tricentenaire de Ronsard etc. A l'occasion des fêtes de notre héroïne nationale, l'administration des PTT vient de nous donner le timbre Jeanne d'Arc.

J'ai sous les yeux un exemplaire de ce timbre. Si vous voulez savoir comment il est je vous dirai qu'il est bleu.

-Mais encore? demanderez vous. C'est tout! Il est bleu. J'ai beau regarder le petit rectangle dentelé, je n 'y vois que du bleu.

Les personnes bien informées prétendent pourtant qu'au moyen de ce bleu le graveur a voulu figurer la Pucelle à cheval, son étendard à la main. Je ne dis pas non mais il me semble que cette intention eût été beaucoup plus claire si l'artiste avait eu la bonne idée de l'écrire sous son dessin.

Maintenant, sans doute, sommes-nous en présence d'une troisième variété de timbres-poste, le timbre devinette, dont le principe serait inspiré des vieilles assiettes à dessert que l' on trouve encore chez les bistrots de banlieue. Sur celles ci on aperçoit un dessin accompagné d’une question: Le chasseur et son chien! Cherchez le chien! Sur le timbre Jeanne d'Arc, il s'agit de chercher la Pucelle. Ne vous découragez pas, cherchez, c'est difficile, mais ça doit pouvoir se trouver. »

 Dans le même numéro, un peu plus loin sous la rubrique Nouvelles Émissions :

«France: Le timbre Jeanne d'Arc est paru ; comme il fallait s'y attendre, c'est une petite horreur, vilain dessin pauvre gravure, impression mauvaise mais que font donc les ministres, ils ne regardent donc jamais les timbres-poste. »

Dans l'Echo de la Timbrologie du 15 mars 1929 on peut lire: « Peut-on rêver rien de plus laid que cette horrible vignette, sinon l'encre bleue sale dont on s'est servi pour l'imprimer. »

Lectures philatéliques  

n° 1 de novembre 1928

 

« A la suite d'une campagne entreprise par le Collectionneur de Timbres- Poste, (en vue d'obtenir que le gouvernement français commémorât par une série de timbres spéciaux le 5ème centenaire du début de la merveilleuse épopée de Jeanne d'Arc, le ministre des P. T. T.,  M. Chéron, avait décidé qui à l'occasion du  500ème anniversaire de la délivrance d'Orléans (avril -mai 1429), le timbre en cours de 50 c. serait, pendant six mois, remplacé par une vignette à l'effigie de Jeanne d'Arc .

Certes, nous aurions préféré, comme notre confrère, une série complète qui aurait pu être conçue dans le genre de celle émise, eu 1893, aux États-Unis, il l'occasion du 4e centenaire de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb et qui aurait enrichi notre collection de France d'une page magnifique. Mais il ne faut pas être trop exigeants et nous aurions su nous contenter de ce qu'on nous avait promis.

Malheureusement les beautés de la politique nous ont valu un changement de ministère et. à l'heure où nous écrivons ces lignes, ignorant encore les intentions du successeur de M. Chéron nous avons tout lieu de craindre que l’émission commémorative de Jeanne d'Arc ne soit remise en question.

Nous faisons des vœux pour que, d' ici au mois d'août. 1929, les intrigues des politiciens de bas étage n'aient pas bouleversé notre pays, au point de lui faire perdre toute notion d'honneur et tout sentiment de gratitude à l'égard de nos gloires nationales les plus pures. »

 n° 2 de janvier 1929

Lectures philatéliques janv1929  Jeanne 257 Lectures philatéliques Jeanne 257  Lectures philatéliques n° 2 de janvier 1929 annonce le timbre et propose en couverture le timbre sur lequel on voit les fleurs de lys.

Un concours a été ouvert pour le choix du dessin du timbre projeté en l’honneur du cinquième centenaire de la délivrance d’Orléans par Jeanne d’Arc. Le projet adopté est l’œuvre du peintre Gabriel Barlangue: il nous montre une Jeanne. d’Arc en selle sur un magnifique cheval non pas une Jeanne d’Arc guerrière et cuirassée, mais une Jeanne d’Arc vêtue en paysanne, au visage pensif et inspiré. Le dessin est remarquable et sa conception, expressive et éloquente dans sa sobriété même, répond bien a l’idée que nous nous faisons de l’humble et pieuse bergère de Domrémy, de l’héroïque libératrice d’Orléans, de la glorieuse martyre de Rouen.

Lectures philatéliques Jeanne 257


 La  Circulaire Philatélique n° 197 de janvier 1929

  La circulaire      Jeanne 257

FRANCE.

« Les hautes personnalités de la politique, des lettres et des arts qui forment le Comité des Fêtes commémoratives de Jeanne d'Arc se sont mises d'accord pour proposer l'émission d'une série de timbres-poste, dont les sujets formeraient comme une galerie de tableaux, représentant les épisodes historiques. les plus notables de la vie de la jeune héroïne française, canonisée récemment.

Comme on pouvait s'y attendre de la part d'un comité composé de sommités de la pensée française, les sujets proposés ont été choisis de façon magistrale pour résumer sur les 15 timbres-poste de la série (de 5 c. à 20 fr.), toute l'histoire de Jeanne, du jour de sa naissance à sa mort sur le bûcher inclusivement.

Alors que le territoire de la France se trouvait presque en entier occupé et ravagé par les Anglais, l'idée que la France serait sauvée par une femme gagnait la pensée des Français et leur mettait l'espoir au cœur.. ..

Dans la nuit du 6 janvier 1412 les coqs chantèrent de façon extraordinaire à Domremi, et Darc (sic) Jeanne (fille dudit et d'Isabeau Romée), naquit ...

C'est ce que le sujet projeté pour orner le premier timbre de la série symbolisera par une vue de la maison natale, avec le Coq Gaulois annonçant la naissance de Jeanne. Le deuxième timbre (10 c.) représentera Jeanne d'Arc devant le sire de Baudricourt, gouverneur de Vaucouleurs, de qui Jeanne sut vaincre le mauvais vouloir, au point de le décider à écrire à la cour pour demander des instructions.

Et les treize autres sujets se détaillent comme suit :

15 c. Jeanne révèle au Dauphin le secret de sa légitimité.

C'est au cours d'un entretien mystérieux entre le roi et Jeanne, que Charles VII aurait reçu de la Pucelle des signes certains de sa mission.

20 c  Jeanne quitte Poitiers, armée d'une lance, devant le duc d'Alençon;

Le jeune duc d'Alençon était un des partisans les plus convaincus de la mission divine de Jeanne, de qui semblait émaner une vertu secrète qui éloignait toute mauvaise pensée de l'esprit des hommes d'armes de son entourage.

25 c. Jeanne est blessée à la prise des Tournelles.

Toute la garnison anglaise périt ou fut faite prisonnière; et c'est l'élite de leur chevalerie que les Anglais perdirent. Jeanne avait été frappée d'un carreau d'arbalète « au-dessus du sein, entre le gorgerin et la cuirasse» : blessure légère puisque Jeanne put remonter à cheval et entraîner les Français au combat.

40 c. La foule se presse autour de Jeanne à Loches.

50 c. Le sacre à Reims.

75 c. Jeanne blessée sous Paris.

90 c. Jeanne dépose son harnoys à Saint-Denis

1 F Jeanne devant Saint-Pierre le Moustiers.

 1 F .50 Jeanne siqne sa lettre  aux Rémois.

2 F Capture de Jeanne à Compiègne,

5 F Jeanne s'enfuit de Beaurevoir

10 F  Jeanne devant ses juges

20 F Jeanne sur le bûcher.  »

 

Cet article fait curieusement allusion à une série complète sur Jeanne d’arc, alors que les modalités et les résultats  du concours sont déjà connus (voir document n° 2) .

     Dans l’Écho de la Timbrologie du 31 mars Jean Clavel écrivait :

 

«  Le 25 février dernier, paraissait dans la petite ville de Vincennes dans l’état de l’Indiana aux Etats Unis, et quelques jours après dans tous les bureaux de poste de l’Union, le magnifique timbre de 2 cents, cadre carmin et centre noir, commémoratif de la victoire du Fort Sackville par George Rogers Clark sur le gouverneur anglais Hamilton ; événement qui ne dit pas grand chose au français moyen, mais qui est par contre, pour tout américain d’origine un peu ancienne, plein de signification.

Ce timbre de faible valeur faciale, équivalente à 0.50 F de notre monnaie, en dehors de sa signification historique et patriotique, est plein d’enseignements pour nous autres, philatélistes français. Sa grande beauté, sa technique impeccable et son exécution hors ligne, si le compare à notre commémoratif à nous, d’une valeur faciale équivalente, mais d’une importance historique bien plus grande, ne peuvent que nous faire rougir.

Le timbre de Jeanne d’Arc, paru au début du mois a été pour nous tous une stupéfaction ; est il possible vraiment de faire quelque chose d’aussi laid, d’aussi mal et pour tout dire d’aussi stupide ? La France n’est-elle pas le pays des artistes, de l’art et du bon goût ? Faudra t-il qu’elle aille recruter ses dessinateurs, les auteurs de ses futures vignettes, parmi les jeunes élèves d’un obscur cours complémentaire ? Il n’est pas possible qu’un homme du métier, et qui se dit artiste, ait pu signer une telle horreur. On ne sait que penser de tous ceux qui, de près ou de loin, ont collaboré à une telle  production ou l’ont encouragée et acceptée. S’ils appellent cela de l’art, ils ne sont pas vraiment difficiles ; ils sont dans ce cas les seuls de cet avis.

Si j’ai parlé du timbre de Rogers Clark c’est  parce qu’il a paru presque en même temps que le timbre de Jeanne d’Arc et que son exécution, bien plus difficile que la nôtre, a pris moins de temps  que la notre précieuse administration n’en a mis pour faire la vignette innommable dont elle vient de nous doter. Savez vous  où le gouvernement des États Unis a pris le sujet de son timbre ? .../...  Là bas il n’y a pas de concours, pas de combinaisons, ils n’ont pas le culte de l’intrigue ou de la paperasserie, leur seul culte est celui de la compétence. Tandis que chez nous c’est de plus en plus la République des camarades qui règne ; celui qui dans les sphères officielles courbe le plus l’échine, décroche la timbale ; on s’occupe d’abord de ses opinions, de son apparentage et de ses amitiés, quant à sa compétence, c’est tout à fait accessoire. .../... Je me demande ce qu’ont du penser ces deux grands lorrains le Général Lyautey et R Poincaré, lorsqu’ils ont vu pour la première fois comment la Douce Lorraine était représentée.

On a pu remarquer sur le timbre primé qui a servi de modèle au timbre que la bannière était fleurdelisée. Cela ne rehaussait nullement la platitude de l’ensemble, mais les barbares, les sectaires qu’anime encore l’esprit périmé de 1900, ont trouvé que ces fleurs de lys étaient de trop, ils sont passés par là et ont obtenu leur suppression : ce qui fait que la bannière a maintenant un air de drapeau rouge. 

.../... Que disent de cela, de cet affreux timbre, tous ceux qui préconisaient une série complète commémorative de Jeanne d’Arc ? Ont-ils toujours les mêmes idées ? Cette seule horreur devrait maintenant leur suffire. »

 

Quelques pages plus loin :

« Donnant dernièrement son avis préalable à l’émission le timbre  Jeanne d’Arc, le Stamp Collector’ Fornightly disait que ce timbre devant être émis dans les mêmes conditions que les timbres courants de France, il ne fallait pas s’attendre à une œuvre faisant honneur tant à la pucelle qu’à l’art français. Peut être bien ...

Le journal anglais semble regretter que ce timbre ne soit pas émis sous la forme d’un commémoratif n’ayant pas pouvoir d’affranchissement. Un timbre  Jeanne d’Arc, dit-il, d’une belle facture artistique et bien lancé, obtiendrait un succès mondial énorme, similaire à celui des commémoratifs Harding aux Etats Unis, dont 1 600 000 000 exemplaires ont été enlevés en peu de temps. A un franc pièce ces timbres représenteraient pour le trésor français un profit plus important que celui des vignettes Caisse d’Amortissement, car on en achèterait des quantités énormes comme souvenirs, sans que la Poste soit tenue à aucune obligation.

L’appréciation de notre confrère ressemble fort à une critique de nos émissions ordinaires et l’administration ferait bien d’en prendre bonne note. »


Dans le même journal  du 30 avril :

«  De plusieurs côtés on nous demande d’appuyer la campagne qui se dessine pour que la France soit dotée d’un timbre à l’effigie du maréchal Foch. .../... mais serait ce honorer sa mémoire que de confier au boulevard Brune le soin de reproduire ses traits ? Le récent exemple de Jeanne d’Arc nous fait craindre le contraire. »

   Dans le collectionneur de tp n° 520 de Maury  mars 1929

maury  Jeanne 257  maury  Jeanne 257

L’Echangiste Universel du 15 mars 1929 (p 223)

 FRANCE. -- Le fameux timbre de Jeanne d’arc est paru. En  première page, en quelques mots, nous disons tout le «bien» que nous en pensons. Nous nous réservons d'ailleurs le droit de revenir là-dessus et d’une manière générale, sur tous les timbres français, qu'ils soient métropolitains ou coloniaux.

 Les collectionneurs sont las de toutes ces productions «officielles» qui n'ont pour elles ni l'art, ni le bon sens. Et dire que le fameux Comité .a été satisfait !- Nous voulons croire qu'il y a eu truquage. Que seront les autres Jeanne d'Arc annoncés?  Aujourd'hui la vierge d'Orléans en paysanne se fige sur un coursier de bataille. Un étendard anonyme l'auréole. Demain, n'en doutons pas, pour compléter le timbre nous verrons dans un autre le porteur de l'étendard et dans un coin la queue  du palefroi et ainsi de suite... chaque sujet annoncera le suivant.  Nous donnerons dans notre prochain numéro un article de M. Angel Michaut, membre des Artistes Français, qui sous le titre Pauvre Jehanne !!  parlera du timbre au point de vue conception artistique.

Que chacun consulte sa collection et nous dise quel pays est capable de produire d'aussi vilaines vignettes que le nôtre! Nous voudrions, révoltés par cette dernière émission, que tous les Philatélistes unanimement élèvent leurs protestations, les unissent. Nous sommes bafoués. Défendons-nous ! Défendons l'Art du timbre. La France a des graveurs de  talent susceptibles de tailler des gravures fines et riches. Jeanne d'Arc  1929 semble taillée sur bois grossièrement par un quelconque ferrailleur. Philatélistes, défendons-nous.  Dans notre prochain numéro nous vous soumettrons le projet d'un ordre- du jour que toutes les sociétés devront voter et que nous  transmettons aux pouvoirs publics ! Que chacun de vous-adhère à notre mouvement! sinon la prochaine émission de 'timbres français sera confiée au plus obscur des obscurs agents  électoraux et pourrait  très bien représenter un pot de vin ou une poire !!

 Et malgré tout Jeanne d'Arc a connu un gros succès. Le- 12 au soir les recettes  de certaines grandes villes ne possédaient plus une seule vignette à part les coins millésimés que les agents des guichets cachaient avec amour dans des classeurs goussets en cuir de Russie.

N’est-ce pas après tout, pourquoi faire mieux? Pour avoir seulement quelques soucis et quelques dépenses supplémentaires ? Pourquoi-? Puisque tout ce que l'on nous donne en pâture s'enlève et se digère toujours.


 

 
Les réactions. 
L. Demoulin (directeur de l' Atelier de fabrication des timbres-poste)explique: « Le ministre a vu les épreuves du timbre et veut que les fleurs de lys figurant sur l'étendard disparaissent. (...) Le ministre est très ennuyé d'un mécontentement qu'il aurait constaté dans certains milieux politiques d'extrême gauche où l'on considère la glorification de Jeanne d'Arc comme une manifestation cléricale, et l'on craint que les critiques redoublent si on laisse substituer des fleurs de lys, attributs de la royauté.» (cité par l'écho de la Timbrologie fév 1990). Voir l'illustration sur la page d'accueil. 
 
Relevé dans Philatélia n°4 de mars 1929.  
« Je suis bien content de lire sous la plume de Bernard Gervaise, l'éreintement justifié de la vignette absurde que notre belle administration vient de sortir :  
Il existe en France 2 catégories de tirnbres-poste, correspondant à 2 conceptions opposées de la philatélie. Nous avons le timbre permanent, représentant une dame occupée en toute saison à semer du grain dans son champ. Et puis nous avons le timbre-actualité, dont l'effigie varie au hasard des faits qu'il s'agit de signaler à l'attention du monde: Exposition des Arts Décoratifs, centenaire de Pasteur, tricentenaire de Ronsard, etc. A l'occasion des fêtes de notre héroïne nationale, l'administration des PTT vient de nous donner le timbre Jeanne d'Arc.  
J'ai sous les yeux un exemplaire de ce timbre. Si vous voulez savoir comment il est je vous dirai qu'il est bleu.  
-Mais encore? demanderez vous. C'est tout! Il est bleu. J'ai beau regarder le petit rectangle dentelé, je n 'y vois que du bleu.  
Les personnes bien informées prétendent pourtant qu'au moyen de ce bleu le graveur a voulu figurer la Pucelle à cheval, son étendard à la main. Je ne dis pas non mais il me semble que cette intention eût été beaucoup plus claire si l'artiste avait eu la bonne idée de l'écrire sous son dessin.  
Maintenant, sans doute, sommes-nous en présence d'une troisième variété de timbres-poste, le timbre devinette, dont le principe serait inspiré des vieilles assiettes à dessert que l' on trouve encore chez les bistrots de banlieue. Sur celles ci on aperçoit un dessin accompagné d’une question: Le chasseur et son chien! Cherchez le chien! Sur le timbre Jeanne d'Arc, il s'agit de chercher la Pucelle. Ne vous découragez pas, cherchez, c'est difficile, mais ça doit pouvoir se trouver. »  

  

LIBRE PENSEUR 30 juin 1929

lelibrepenseur 30juin29 Jeanne 257

Protestations

Comme nos amis de la Loire, qui nous ont envoyé les appels de Brugelette  Belgique avec le mandat chèque postal, nos amis de Sète nous ont adressé un ordre du jour de protestation contre la propagande que mènent, avec  le Supérieur, tous les prêtres du Sacré-Cœur de Brugelette.

Rien ne déguise cette mendicité nos camarades demandent qu'on l'arrête ou qu'on punisse les envoyeurs.

Ils protestent aussi contre la forme de gratuité donnée à une tombola qui ramasse l’argent pour la construction d'une Eglise au lazaret catholique de la Corniche. Est-ce que le fisc, si diligent quand il s'agit de tombolas organisées par d'autres groupements qui déplaisent, ne pourrait pas mettre son œil dans la tombola mendigote dont il est parlé. Ils protestent encore et avec vigueur contre le gouvernent et le représentant de l’Etat soi-disant républicain et laïque pour avoir assisté officiellement aux fêtes cléricales organisées en faveur de Jeanne d’Arc, à Orléans, à Paris et ailleurs par le clergé catholique-romain et sa religion; comme ils protestent contre  l'émission des timbres à l’effigie de  celle devenue sainte par la religion qui l'a faite suppliciée. 

Ils engagent les laïques à venir grossir les rangs des libres penseurs, ils engagent ceux-ci à lire l’Idée Libre d'André Lorulot et le journal le Libre Penseur de France d'Emile Noël qui leur apporte une documentation de premier ordre.

Le secrétaire :

HOETTGER Aristide.

 

 

LE MESSAGER Philatélique 25 décembre 1928

lemessager philatelique 25dec28  Jeanne 257

LE FUTUR TIMBRE JEANNE D'ARC.

 

Le jury chargé de choisir la maquette du timbre-poste à l'effigie de Jeanne d'Arc s'est réunie dans la salle des Commissions du sous-secrétariat des postes et télégraphes sous la présidence de M. Moullé, sous-directeur aux Beaux-Arts.

A l'unanimité le 1er prix (2 500 francs offert par la ville d’Orléans) fut décerné au dessin ici reproduit présenté par M. Marcel Barlangue, artiste peintre. Cet envoi était incontestablement le meilleur. Il représente la grande française aux débuts de sa carrière héroïque, chevauchant pauvrement vêtue  un puissant coursier. Son visage rude reflète, sous une  apparente calme volonté, un peu de la flamme mystique qui la consumait toute entière.

Le second prix (1 000 francs offert par la ville d’Orléans) fut attribué à M Henry Cheffer. Il représente une Jeanne d'Arc à cheval  armée de pied en cap  un peu comme Frémiet nous a accoutumé à nous représenter l'humble bergère devenue grande guerrière.

L’envoi de M. Demoulin réalisé avec l'évident souci de demeurer dans la note gothique est confus. Il reprend  la figure de Jeanne  d'Arc inclinée vers le sol. Le 3e prix (500  francs offert par la ville d’Orléans) récompensa cette maquette plus faite pour illustrer un ouvrage qu'un timbre-poste. Enfin MM. Abel  Mignon et Marcel  Marron enlevèrent ex-aequo le prix (250 francs offert par la ville d’Orléans et 250 francs offerts par le Touring club). Leurs envois ne méritaient pas davantage.

Le nouveau timbre sera tiré en couleur bleu-roi. Son format sera le même que celui de notre semeuse, ce que nous ne saurions trop regretter car le sujet choisi s’accommodera  fort mal d'un cadre aussi réduit.

Peut-être n'est-il point encore trop tard pour réclamer des dimensions un peu plus ... hospitalières.

Un format carré  dans le genre par exemple de celui des timbres émis en 1921 dans la Sarre  avantagerait beaucoup  la composition de ce timbre qui doit être bien ou ne pas être.

Ajoutons que les frais de gravure et d'impression de la nouvelle figurine seront acquittés  par la ville d’Orléans.

 

 

Le Pêle Mêle 7 avril 1929

lepelemele7avril29 Jeanne 257

Ainsi que cela a déjà été annoncé par la presse quotidienne, un timbre est émis en  l’honneur de Jeanne d’Arc. Un concours a eu lieu récemment et  la palme est revenue au projet de M. Barlangue, sur lequel on voit notre héroïne nationale  sur son cheval  de bataille, les rênes entre les mains, tête nue. Au second plan, on aperçoit une bannière fleurdelysée qui semble être tenue par une main dont on ne voit  pas le propriétaire.

Puis un carré noir sur lequel se détachent les chiffres «50». En haut le mot «Postes», en bas, «1429 Orléans 1929».

Ce timbre ne serait pas mal s’il était  tiré en taille-douce douce, mais, hélas  les ateliers du boulevard Brune ne possèdent pas le matériel nécessaire. De plus, il nous semble  que l'artiste nous présente cette fois notre héroïne sous des traits que nous ne lui avons jamais connus jusqu'à ce jour.

 

 

Articles parus dans la « Quinzaine philatélique ».

 n° 46 - 15 mars 1929

Jeanne d'Arc. Vous lirez dans Phil'argus ce que j'en pense. Les profanes eux-mêmes les trouvent laids il y a de quoi... regretter la Semeuse. Il ne manque plus qu’on carnétise la Sainte avec des réclames pharmaceutiques ; Jeannedarcisez-vous I Et avec ça un centrage déplorable. On connait les coins dates 15-2-29 ; 16-2-29 et 20-2-29. Il serait curieux de savoir le premier jour de fabrication.

n° 49 - 5 mai 1929

France !!!

Cesse tes insultes ou « Jehanne, la Valkyrie en excursion »

Un tollé général, comme chacun sait accueillit mi-mars l'espèce d'étiquette qui prétend représenter sainte Jeanne d'Arc. Les plaisantins demandèrent s'il s'agissait d'une guerrière, ou d'un capucin en tournée paisible, ils auraient désiré quelques explications de la gravure trouvant Illisible les signes qui encadrent la légende Orléans.

Emue, l'Administration décida de carnétiser l’héroïne, ce qui permit d'ajouter quelques légendes plus visibles sur les marges. Ce ne fut d'abord qu'un tâtonnement et les trois premiers, carnets ne firent qu’ajouter à notre perplexité : Est-ce la cavalière qui Illustre les textes, ou bien les textes qui accompagnent la cavalière ? Voici tout un lot d'enveloppes timbrées ; lisons et jugeons :

Phosphatine Falières, Anémiés, Convalescents : bleu sur blanc ; image de convalescente anémiée faisant un tour de chevaux de bois.

Saucisson de Mireille : Saucisson de cheval sans doute !

Bénédictins de Soulac :  En tournée d'inspection.

Touring-club de France : Mlle Dorange, Paris-Cannes.

Le vin est un aliment : Anémiques, buvez du vin.

Bussang, cure de l’anémie. Image plagiaire de la Phosphatine Falières.

Une mise au point était attendue. L'âme du Coq (gaulois, sans doute) vient de s'éveiller et la paire verticale de Pubs qui vient de paraître, dont croquis ci-après, permettra enfin au monde angoissé d'admirer la façon magistrale dont nous savons honorer notre héroïne.

 

Réjouissons-nous !!!

Après JEANNE D'ARC.

 Le GRAND FOCH ne sera pas oublié.

 

L’impartial oranais 9 novembre 1929

 

limpartialoranais 9nov1929 Jeanne257

 Lorsque parurent les timbres à l’effigie de Jeanne d'Arc  le public ne fut pas peu surpris de lire sur la bande gommée réservée à la publicité «   La Vache qui rit en excursion, la Vache qui rit pour les enfants ».

Le Maire de Perregaux s'est offusqué  de cette intempestive  réclame qui lui sembla une concurrence déloyale.

On nous affirma que Valord va  réunir son conseil municipal pour l'adoption d'un vœu du si patriote, si bon français et si républicain Gimenès  protestant contre l’injure faite à la Pucelle d’ Orléans.

Menudier, premier adjoint au maire d'Oran, profitera de l’occasion pour faire savoir à tous que la Vache qui rit étant de pâte Molle, est un excellent dessert pour les latins ; mais, que le meilleur fromage est celui de la Mairie ou l'on peut se faire des rentes et assurer une lucrative situation à sa progéniture.

 

 N° 96-97 Mars-Avril 7929

LE BULLETIN  DES PHILATÉLISTES 

Édité par la Maison M. POULOT (Léon POUILLET, Directeur)

18, AVENUE DE L'OPERA. PARIS

ÉDITORIAL

 

Les émouvantes cérémonies qui se déroulent depuis le 23 février, dans toutes les localités où l’on a placé des jalons pour rappeler la fervente chevauchée de notre glorieuse Jeanne d'Arc, ne peuvent laisser indifférent aucun français digne de ce nom.

Nous sommes heureux de constater que le gouvernement s'est associé à ces manifestations en nous promettant un timbre à l'effigie de Jeanne d’Arc, dont l’émission ne saurait tarder.

Le projet adopte à la suite d’un concours nous montre une Jeanne d'Arc à cheval, dans le costume qu'elle avait à son départ de Vaucouleurs et que le Père Doncoeur nous décrit ainsi :

Elle porte le pourpoint noir, à la ceinture une épée, un chaperon noir découpé, une robe courte aux genoux, de gros gris-noir, des chausses avec des housseaux, des souliers lacés et des éperons.

 Elle marche silencieuse, éblouie, plongée dans sa prière, et l'artiste éminent qui a exécuté le dessin, M. Gabriel Barlangue, a parfaitement rendu l'expression d’une figure idéale.

Par exemple nous nous demandons ce que deviendra ce dessin — réduits aux dimensions d’un timbre-poste ordinaire lorsqu’il aura passé par le boulevard Brune. Pourvu qu'il ne ressemble pas à celui du timbre Ronsard ni aux autres horreurs tant coloniales que françaises, dont on n’a pas honte de nous gratifier depuis plusieurs années (1).

Nous ne comprenons pas non plus pourquoi on prétend s'en tenir à la seule valeur de 50 centimes et pourquoi l’on ne crée pas, au même type, le timbre de 1fr50 pour les lettres à destination de l'étranger.

Et enfin, nous avons une objection de principe à présenter au sujet de l'émission du timbre projeté.

 Il est hors de doute que les émissions commémoratives - dont abusent presque tous les pays- causent un profond mécontentement chez les philatélistes sérieux et menacent de porter un coup fatal à la philatélie.

Or le timbre que l’on va émettre appartiendra, d’après les communiqués officiels, à cette catégorie, puisqu'il ne devra être employé que pendant six mois.

Nous savons bien que si, jusqu'à ce jour, les gouvernements s'étaient contentés de célébrer ainsi - et par des émissions modestes - quelque personnage hors de pair ou quelque événement capital, toute critique à ce sujet serait déplacée. Tel serait bien le cas pour notre émission de Jeanne d'Arc, que personne ne s'aviserait d'assimiler à la commémoration, par exemple, du centenaire de la culture du café au Brésil, d'un Congrès quelconque en Egypte, de l'inauguration d'une nouvelle ligne de chemin de fer en Equateur, ou encore aux émissions annuelles du Portugal, aux émissions intensives de l'Espagne. Il n'en est pas moins vrai que ce serait aussi une émission commémorative et les étrangers, dont nous critiquons la manière de faire, auraient beau jeu pour nous « retourner la balle ».

Il y aurait un moyen bien simple de concilier notre désir de voir figurer sur un - ou plusieurs - de nos timbres l'effigie de Jeanne d'Arc avec le souci de ne pas accroître le flot des émissions commémoratives.

Il suffirait, pour cela, de se décider enfin à abandonner notre Semeuse de 1903 et de créer une nouvelle série – permanente - dont les valeurs de 50 cent. et de 1 fr. 50 (taxes des lettres pour la France et pour l'étranger), seraient au type du timbre projeté.

Pour ne mécontenter personne, cette nouvelle série pourrait être ainsi composée :

Petites valeurs (1 à 5 centimes). Un Mercure quelconque.

Timbres de 50 cent. et 1 fr. 50 : Effigie de Jeanne d'Arc.

Pour les autres valeurs, jusqu'au 1 franc :

1° Une effigie de la Liberté, dans le genre de celle de 1849 (et pourquoi pas la même ?)

2° L'effigie de notre illustre Pasteur ;

3°Un sujet allégorique, pour lequel on n'aurait que l'embarras du choix.

Pour les valeurs de 2 fr., 3 fr., 5 fr., 10 fr. et 20 fr., on n'aurait qu'à utiliser les dessins - adoptés déjà en principe - de MM. Cheffer, Bivel et Vérecque (le Port de la Rochelle, le Mont St-Michel, la Cathédrale de Reims, l'Arc de Triomphe de l'Etoile et le Pont du Gard).

Nous aurions ainsi, sans beaucoup de frais, une série magnifique et bien française.

Nous transmettons cette idée à Monsieur Qui-de-droit, mais sans nous illusionner outre mesure sur l'accueil qui lui sera fait.

(1) Ces lignes ont été écrites avant l'apparition du timbre de Jeanne d'Arc. Elles étaient malheureusement prophétiques et nous ne pouvons que déplorer le mauvais goût et le j’menfichisme des ateliers du boulevard Brune.

Des réductions chez de nombreux partenaires. 

Inscription gratuite. N'hésitez pas.

 

 


 
     

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